À moins que les consommateurs boycottent ce légume dont le prix a explosé cette année?
Le prix du céleri a subi une augmentation «phénoménale» depuis l’hiver dernier. Selon le distributeur Hector Larivée, son prix est de trois à quatre fois plus élevé que la normale. Maurice Doyon, agroéconomiste à l’Université Laval, pense qu’il s’agit d’une «simple question d’offre et de demande».
Selon Pascal Lecault, président et propriétaire des Jardins Vegibecs à Oka, la caisse de 24 céleris se vend habituellement une quinzaine de dollars. Elle aurait atteint les 140 $, l’hiver dernier. Comme les chaînes de supermarchés suivent la tendance tarifaire, elles ont haussé le prix de ce légume qui était auparavant très abordable.
D’après Statistique Canada, un kilo de céleri coûtait en moyenne 3$, en avril 2018. Actuellement, les consommateurs le paient près du double de ce prix.
Deux cœurs de céleri pour 7,99$ chez IGA, un pied pour 4,99 $ au Metro, 5,99 $ chez Provigo… Même les endroits où l’épicerie coûte en général moins cher, selon une enquête de « Protégez-vous », vendent actuellement le pied de céleri respectivement à 4,98 $ et 4,47 $.
Cette hausse de prix rappelle la « crise du chou-fleur » de 2016. On avait alors vu le prix de ce légume grimper à plus de 8$. Ce prix était entres autres du à la sécheresse californienne de l’époque.
«L’offre et la demande en céleri étaient relativement stables dans les dernières années, mentionne Maurice Doyon. Le marché assiste aujourd’hui au pire scénario du point de vue d’une hausse de prix potentielle.»
Les températures anormalement froides et les précipitations abondantes des derniers mois en Californie, mariées à la diminution de la superficie cultivée par rapport aux années précédentes, ont fait diminuer l’offre. Ensuite, la mode du jus de céleri, renfermant selon certains des bienfaits pour la santé, a fait augmenter la demande.
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C’est Anthony William, un «gourou du bien-être» de Los Angeles comptant environ 1,9 million d’abonnés sur Instagram, qui a lancé la tendance du jus de céleri. L’homme s’autoproclame « gourou médical ». Il a créé le « mouvement mondial du jus de céleri». L’homme affirme que ce jus renferme des propriétés antiseptiques, anti-inflammatoires et digestives. Et plus encore…
Selon le vice-président aux ventes chez Hector Larivée, monsieur Michel Larivée, le Québec subi les effets de cette mode californienne.
En général, la saison du céleri au Québec s’étend de la mi-juillet à la fin octobre. D’après l’ agroéconomiste Maurice Doyon, si la tendance se maintient, les prix resteront aussi élevés quand le légume québécois aura remplacé le céleri des États-Unis. «Habituellement, nous ne sommes pas les faiseurs de prix. Si la demande continue d’être bonne, il n’y a pas de raison que les prix baissent », a-t-il affirmé.
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Les producteurs pourraient être tentés de semer des superficies supplémentaires de céleri, mais il y a un danger, selon monsieur Doyon. «Que tout le monde plante des céleris et que l’engouement s’effondre. La capacité d’augmentation de la demande est excellente. Mais l’offre prend plus de temps à s’ajuster », dit-il.
Par contre, il se peut aussi que le marché se régule, à cause du prix très élevé. «Si les consommateurs achètent moins de céleri, s’ils le substituent dans les recettes, on peut prévoir que les prix vont redescendre », pense-t-il.
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